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mercredi 2 septembre 2009

La Turista







Je posterai de temps en temps des articles m'ayant interpelé ¤¤¤
Tout ceci me fait penser aux crackos rencontrés en Inde...


Ces syndromes qui frappent les touristes étrangers


L
es voyages peuvent-ils faire perdre la tête ? Le jet d'une tasse de thé sur La Joconde par une visiteuse d'origine russe, le 2 août, aura relancé la question. Protégé par une vitre blindée, le tableau n'a pas été endommagé. La jeune femme, "qui ne jouissait pas, selon la préfecture de police de Paris, de toutes ses facultés mentales", a été transférée à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture. La presse a évoqué le syndrome de Stendhal, qui frappe les touristes submergés d'émotion par la beauté des oeuvres d'art. Mais, dans ce cas précis, la visiteuse résidait depuis plusieurs années en France.

Le syndrome de Stendhal a été décrit, en 1990, dans un ouvrage homonyme par une psychiatre italienne, le docteur Graziella Magherini, qui exerçait à l'hôpital Santa Maria Nuova, à Florence. Alors qu'elle recevait des touristes choqués après avoir visité la Galerie des offices, elle a formalisé un diagnostic sous le nom de syndrome de Stendhal. Les symptômes, qui toucheraient davantage les femmes célibataires, de moins de 40 ans, voyageant seules, se manifestent sous forme de vertiges, perte du sentiment d'identité, suffocation, tachycardie, voire hallucinations. En général, les patients se rétablissent en quittant la ville.

Cet ensemble de symptômes a été baptisé du nom du célèbre écrivain français qui avait décrit un état d'émotion intense dans Rome, Naples et Florence (publié en 1826), alors qu'il sortait de la basilique de Santa Croce, à Florence. "J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent des sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber", écrit-il. Le phénomène reste limité et contenu dans la cité florentine. Graziella Magherini a recensé une centaine de cas à Florence, entre 1980 et 1990.

Chef de service du Centre psychiatrique d'orientation et d'accueil (CPOA) de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, le docteur Marie-Jeanne Guedj a posé une fois ce diagnostic. Il s'agissait d'une lycéenne partie avec sa classe en voyage scolaire à Florence. "Elle avait peur de ne pas être à la hauteur des oeuvres d'art, se souvient-elle. Elle a déclenché un état d'excitation. Elle était survoltée, incapable de dormir." A son retour à Paris, la crise a cessé.

A côté du syndrome de Stendhal, d'autres états de crise, de dépression ou de délire liés aux voyages ont été décrits : le syndrome de Jérusalem touche les touristes en pèlerinage religieux dans la Ville sainte. Anxiété, stress, désir d'isolement, obsession de se purifier le corps, en sont les principales manifestations.

Mes ces lieux de pèlerinage sont à géographie variable. Ainsi le docteur Tremblay du Centre Psychiatrique Polyvalent de Montréal raconte comment plusieurs de ses patients ont fait des tentatives d'auto-crucifixion sur la croix du Mont-Royal, une "montagne" surplombant la ville québécoise : "on les retrouvait au petit matin, écartelés et sanguinolents, contemplant la ville à leurs pieds, persuadés qu'ils se trouvaient sur le mont Golgotah, les yeux révulsés par une anémie nocturne. Le plus dur était de les décrocher", souligna-t-il en ricanant.

Le syndrome de Paris frappe des Japonais installés dans la capitale qui n'arrivent pas à s'adapter à leur nouveau contexte, déprimés par une ville qui n'est pas celle qu'ils avaient idéalisée. "J'ai rencontré plusieurs patients dans ce cas, témoigne le docteur Guedj. C'est un syndrome qui met du temps à s'installer. Les gens s'isolent, s'enferment dans leur chambre d'hôtel ou dans leur appartement."

Le syndrome de l'Inde frappe, lui, les Occidentaux. Dans ce pays mythique, le choc culturel est tel que certains perdent pied. Très angoissés, ils peuvent être pris de délire paranoïaque de persécution. Régis Airault, psychiatre, a été en poste au consulat de Bombay pendant quelques années. A plusieurs reprises, il a rapatrié des Français atteints par ce délire. Dans son livre Fous de l'Inde (Payot, 2000, 226 p., 7,35 euros), il évoque une série de cas, comme cette jeune fille qui courait dans les rues pour embrasser les vaches sacrées pendant un périple de dix jours avec une association humanitaire ; ou cette femme, venue se ressourcer quelques mois en Inde, qui avait failli se noyer en voulant rejoindre ses parents en France à la nage. "Le voyage, comme une séparation, un déménagement, peut faire décompenser les gens, considère Régis Airault. Cette déconnexion psychique semble plus facilement se produire dans certains endroits chargés de sens par l'histoire et la culture dont la personne est issue." Ce serait l'axe oriental - Florence, Jérusalem, Inde - pour les Occidentaux, Paris pour les Japonais, La Mecque pour les musulmans.

Les personnes présentaient-elles des signes avant-coureurs ? Etaient-elles prédisposées à développer une pathologie mentale ? Le sujet reste controversé. "Pas forcément, assure le psychiatre. Le voyage peut être, en soi, pathogène. D'ailleurs, la plupart du temps, de retour dans leur environnement d'origine, les troubles passent."

Ces syndromes sont différents du voyage pathologique. " On distingue les voyages organisés pour des motifs raisonnables et à l'occasion desquels se déclenchent une pathologie mentale comme le syndrome de Stendhal ou de Paris, des voyages pathologiques où le voyage est impulsif, non préparé ou fait partie du délire du patient", commente le docteur Guedj.

Youcef Mahmoudia, psychiatre à l'Hôtel-Dieu, à Paris, reçoit chaque année une cinquantaine de personnes - des étrangers ou des gens venus de province - atteintes de ces troubles. Comme cet Italien qui avait fait le voyage à Paris pour fuir la Mafia et s'était réfugié à la préfecture de police ; ou ce Belge poursuivi par le KGB ; ou encore cette Japonaise qui entendait, de Tokyo, la voix de la Vierge Marie, l'enjoignant de venir à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

M. Mahmoudia ne croit pas que les voyages puissent, à eux seuls, déclencher des épisodes délirants : "Les personnes paraissaient normales, mais en fait elles étaient dans un processus prédélirant. Lors de la consultation, on retrouve une sensation de bizarrerie, d'étrangeté par rapport au monde extérieur, une tristesse de l'humeur, un sommeil perturbé préalable à leur départ et qui sont mis sur le compte d'un surmenage professionnel, d'une rupture sentimentale, d'un deuil ou d'une perte d'emploi."

Dans tous les cas, on ne fuit pas ses démons et mieux vaut partir au mieux de sa forme plutôt que de croire que les voyages seront la solution à notre mal-être.

Martine Latronche.

PS : Les premières photos sont tirées du pertinent travail de Jorg Bruggeman "same same but different" : http://www.joergbrueggemann.com/11-0-Same-Same-But-Different.html
Ei San Miguel, on pourrait ajouter la série des Crackos d'Inde, c'est le même concept mais en plus flyi.

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